Coronavirus : il faut raison garder

Mes amis de France et de Navarre que se passe-t-il ? Je n’en reviens pas. Je n’en crois pas mes yeux et mes oreilles. Que se passe-t-il sur notre vieille sphère céleste ? Des voyages reportés ou annulés, des avions cloués au sol, des frontières qui se ferment, des touristes cloîtrés dans leur hôtel, des compétitions sportives supprimées, des matchs joués à huis clos, des bourses qui s’effondrent, des économies qui se figent et des médias qui ne parlent que de ça.

Quoi ça ? Du coronavirus (2019-CoV, c’est son nom officiel), autrement dit d’un petit germe de rien du tout, un truc infinitésimal qui, parti du fin fond de la campagne chinoise et via un petit animal (une chauve-souris par exemple), est en passe de se répandre à travers le monde, jusque dans nos campagnes et, semant l’inquiétude voire la psychose derrière lui, de  paralyser une bonne partie de nos pays occidentaux.

On pourrait presque en rire si ce coronavirus, à peine plus dangereux qu’une simple grippe (on le vérifiera plus tard), n’avait été la cause (à l’échelle du monde) du décès de quelques milliers de personnes en fin de vie ou déjà atteintes de sérieux problèmes respiratoires.

On aurait pu ne rien dire. Et l’épidémie serait passée comme une lettre à la poste, dans l’indifférence ou presque, comme bien d’autres épidémies. Mais à l’heure des réseaux sociaux et de la transparence à tout prix, le moindre événement doit être annoncé haut et fort. Surtout ne rien cacher. Tel est le mot d’ordre à présent.

Et nos dirigeants ont joué le jeu. A fond et peut-être trop. En premier lieu le plus puissant d’entre eux, je veux parler du dirigeant chinois, le plus impliqué dans cette affaire puisque tout est parti de son pays. Et quand le chef d’un Etat de plus d’un milliard d’individus déclare qu’il y a danger, ça s’entend et de loin. Les autres ne pouvaient faire autrement que de suivre. Relayés par les médias et quelques pontes du corps médical, ils se sont mis à informer scrupuleusement à coups d’images, de déclarations, de spots publicitaires, d’émissions, de tables rondes, etc.

L’épidémie, on la suit au jour le jour, cartes et statistiques à l’appui. Un vrai cours de géographie. C’est ainsi qu’on est passé du stade 1 au stade 2 et bientôt au stade 3. Bref, en même temps que le virus s’étendait par petites niches à toutes les sphères de la planète, l’inquiétude, elle, grandissait à partir de son lieu d’origine pour gagner par cercles concentriques l’humanité toute entière.

Nous en sommes là. On peut d’ores et déjà le prédire : il n’y aura guère plus de quelques centaines de milliers de contaminés et un taux de létalité extrêmement faible, guère plus élevé que celui des autres maladies virales habituellement traitées sous nos latitudes (grippe, varicelle, rougeole…). Posons-nous alors la question ? Fallait-il  prendre toutes ces mesures de précaution pour en arriver là ? A cette fébrilité généralisée et aux effets économiques et sociaux que l’on voit déjà poindre et dont on peut se demander s’ils ne provoqueront pas plus de dégâts collatéraux, y compris de décès, que l’épidémie elle-même ?

Une contribution parmi d’autres au débat sur les retraites

Tout d’abord, précisons les choses. Il est toujours facile et un peu délicat de parler d’un sujet, en l’occurrence celui de la réforme des retraites quand il ne vous concerne pas directement. Certains diront que c’est un inconvénient (il vit hors-sol), d’autres que c’est un avantage (étant hors-sol, il est porté à y mettre moins de passion). A chacun de se faire une opinion.

Les arguments de nombre de mes contradicteurs, et néanmoins amis que je salue au passage, ce sont ceux que j’entends depuis des semaines sur les ondes et sur tous les plateaux de télévision. Le système actuel, tel qu’il fonctionne depuis trois quarts de siècle, même s’il n’est pas irréprochable, est tout de même plus acceptable que celui que le gouvernement nous prépare. Il suffirait de le modifier à la marge d’y intégrer plus de critères de pénibilité, en particulier pour les femmes, pour qu’il soit parfait (ou presque).

Mais question. Sommes-nous certains que ce système de répartition, tel qu’il fonctionne actuellement, avec ses dizaines de caisses différentes, aurait pu perdurer longtemps encore ? Sincèrement je ne le pense pas. Je fais même le pari que si par hasard il devait se maintenir, il serait remis en cause par ceux-là même qui, aujourd’hui, en sont ses plus fervents supporteurs.

En effet, les fortes inégalités qu’il génère, et que l’on s’est efforcé jusqu’à présent de passer sous silence (ou de sous-estimer), n’auraient pas manqué, un jour ou l’autre, d’être sorties de leur cachette et de déclencher de fortes contestations. Exemples : les inégalités, évidentes, indiscutables mais rarement soulignées, entre les retraites de ceux qui, exerçant exactement le  même métier (comptable, femme de ménage, plombier, photographe…), appartiennent à des caisses différentes (et la liste est longue). Idem entre les retraites de ceux (de moins en moins nombreux) qui ont bénéficié d’une carrière uniforme, et les autres (appelés à devenir majoritaire) ayant une carrière hachée faite de multiples interruptions, de changements de poste, etc. (notamment les femmes mais pas seulement.)

Autrement dit, si le système universel par points me paraît plus juste dans son principe, c’est parce qu’il est plus souple et qu’il peut intégrer toute la panoplie des métiers dans leur spécificité. Loin de générer l’uniformité, comme je l’entends dire trop souvent, il peut au contraire s’adapter à l’extrême diversité des carrières. Chaque retraité est un cas particulier et doit être traité comme tel.

Enfin dernière remarque, si le système universel par points me paraît encore une fois  plus juste dans son principe (moins inégalitaire et donc plus équitable), cela ne veut pas dire qu’il le sera au bout du compte, dans la réalité des faits.  Encore faut-il  que cet immense chantier, ouvert par le président Macron, ne soit pas accaparé par de puissants lobbies patronaux ou autres. Sur ce point, je trouve particulièrement déconcertante (pour ne pas dire plus) l’attitude de certains syndicats et partis politiques qui, en se positionnant dans une attitude d’opposition radicale vis-à-vis du projet, sans compromis possible avec le gouvernement, se privent de le faire avancer dans un sens plus favorable envers ceux qu’ils sont censés défendre. Un paradoxe parmi d’autres dans cette affaire !

Le projet du gouvernement tel qu’il nous est présenté ne constitue pas une fin en soi. Il ne représente que les fondations d’une maison qu’il reste à construire. Et là, les syndicats quels qu’ils soient, ont un rôle tout à fait décisif à jouer. A eux de saisir cette chance !

Déboussolés

Gauche/droite. Droite/gauche. On ne sait plus à qui se fier.
Regardez tous ces honnêtes gens qui défilent dans les rues à propos de la réforme des retraites. Tous ces cheminots, agents de la RATP, infirmiers, enseignants… qui expriment leur colère un peu partout sur les ondes et à la télé, ils ont l’air d’y croire à ce qu’ils défendent.
De mon petit coin de campagne, je reste perplexe devant ces mouvements de protestation, ces syndicats qui se disent de gauche et défendent bec et ongles leur bout de gras, leur petit pré carré, autrement dit l’existant, c’est-à-dire la juxtaposition de dizaines de régimes particuliers mis en en place il y a trois quarts de siècle.
Et des régimes particuliers il y en a ! On parle beaucoup des régimes spéciaux des cheminots, de la RATP mais il y a ceux des avocats, des notaires, des journalistes, des ministres, des élus, des sénateurs. On nous dit qu’il y en a 41. Le meilleur système de retraite au monde disent certains, le plus injuste affirment d’autres. Qui croire ?
Et le meilleur ou le plus injuste pour qui ? Pour les sénateurs, sans aucun doute, il est le meilleur. Un seul mandat de cotisation (soit six années) et une retraite à vie de 2190€ par mois. Ceux-là, ils auraient tort de vouloir changer. Et je comprendrais qu’ils défilent. Mais je me trompe, ils ne défilent pas, ils se cachent, ils se dissimulent sans doute parce qu’ils ont un peu honte…
Est-ce pour le maintien de ces régimes particuliers que les syndicats et les partis politiques dits de gauche manifestent et font la grève depuis plusieurs semaines ? Seraient-ils devenus, à leur insu, des conservateurs ? Je me perds en conjectures.
La gauche, dans ma petite tête, était censée défendre les plus humbles, les plus faibles, les laissés-pour-compte de la société, elle visait l’intérêt général, le plus grand nombre, l’économie au service de l’homme, de tous les hommes et non le contraire. La droite, plus conservatrice, était censée être au plus près de ses sous. Sans se désintéresser de l’homme, elle calculait avec les yeux fixés sur l’équilibre des comptes. Elle se voulait plus responsable.
Mais ça c’était avant. Apparemment ce ne serait plus le cas aujourd’hui.
On nous dit que le centre et la droite prônent un autre système qui de leur point de vue serait plus équitable, plus solidaire, moins inégalitaire. En tout cas, mon voisin agriculteur qui lui ne touche que 810€ de retraite, voudrait bien que le nouveau régime soit mis en place tout de suite. Il aurait 190€ en plus par mois. Ce serait tout de même mieux !
Au final, tandis que les gens qui se disent de gauche prônent le maintien du système actuel quitte à le modifier sur les bords, les gens de droite, eux, au nom de l’équité, voudraient le remplacer par un système universel par points censé être plus juste. En voulant conserver ce qui est, les premiers seraient-ils passés à droite ? Et les seconds, parce qu’ils sont pour le changement et le progrès social, seraient-ils devenus de gauche ? Quand je vous dis qu’on est déboussolés.

Faire peau neuve ou disparaître

Nous sommes à cinq mois des municipales et six mois après les Européennes. La situation du PS n’est guère plus brillante. Pas plus d’ailleurs que celle de la droite classique (LR) ou de la France Insoumise (LFI). A gauche, il n’y a guère que le parti des Verts qui peut s’estimer satisfait et encore ! Pour les démocrates de gauche ou qui se disent l’être, le moment est venu d’ouvrir les yeux, de ne pas se raconter d’histoires, de trancher dans le vif et tant pis si ça fait mal ! La situation actuelle du PS est le résultat d’un certain nombre d’erreurs politiques et de fautes stratégiques au cours de ces vingt à trente dernières années.

Deux exemples pour l’illustrer.

Le premier remonte à l’élection de F. Hollande en mai 2012. Durant la campagne, et notamment dans son discours du Bourget, il avait promis, juré que son ennemi c’était la finance et que s’il était élu, il reviendrait sur le pacte de stabilité monétaire, la fameuse règle des 3% qui conduit les gouvernements à mener une politique d’austérité. Quinze jours après son élection, pour son premier voyage à l’étranger, il va voir Angela Merkel et y renonce. Un renoncement qui dès le début de son mandat, a porté atteinte à sa crédibilité. C’est le péché originel du quinquennat Hollande. Si par la suite, il sut assez bien manœuvrer pour s’en tirer finalement pas trop mal, sa présidence restera marquée par cette défaite en rase campagne devant la chancelière allemande. A partir du moment où il avait promis, juré, il fallait qu’il tînt sa promesse, quitte à aller au clash. Dès le premier obstacle, il bat en retraite. Ça n’a pas été compris !

Deuxième exemple : les élections présidentielles de 2017. E. Macron qui n’est pas socialiste mais se dit de gauche, est élu. Selon les sondages, au premier tour, son électorat se composait de 50% d’électeurs de gauche et 50% d’électeurs de droite. Dans son programme, il y avait la loi 2 travail qu’il voulait et qu’il a fait passer par ordonnance. Cette loi 2 se situe dans le droit fil de la loi El Khomri que F. Hollande en fin de mandat avait bien eu du mal à faire passer. On aurait pu s’attendre à ce que vis-à-vis de cette loi 2 travail, inspirée encore une fois de la loi El Khomri dont elle n’était en quelque sorte que l’aboutissement, la nouvelle direction du PS fît preuve d’un certain attentisme. Eh bien non, on vit, le nouveau Premier secrétaire, s’opposer à ce texte et  aller jusqu’à défiler dans les rues avec les syndicats quitte d’ailleurs à se faire copieusement huer par les manifestants.

Nombre de gens de gauche en restèrent baba. Est-cela la politique se dirent-ils ? En s’opposant ainsi à Macron et à son nouveau gouvernement, la direction du PS se rendait-elle rendue compte qu’elle s’en prenait aussi aux 50% d’électeurs socialistes ayant voté Macron dès le premier tour ? Celui-là même qu’ils venaient de porter au pouvoir, ils devaient dès le lendemain le combattre ? Ce n’est pas sérieux. Plus qu’une faute politique, ce fut une erreur stratégique

Au lieu de se livrer à cette cuisine partisane, la direction du PS eût été mieux inspirée de se poser la question de son petit score à la présidentielle. Qu’est-ce qui avait cloché dans le programme de Hamon pour que les militants et les sympathisants socialistes en viennent à voter pour un autre candidat que le leur ? Il eût fallu réfléchir et longtemps réfléchir sur cette question. Des semaines et des mois peut-être ! C’est en perdant du temps à réfléchir qu’on en aurait peut-être gagné.

Et voilà où en sont les gens de gauche en cette fin d’année 2019 : dans la même décrépitude qu’il y a deux ans et demi

Si elle ne veut pas disparaître, la gauche social-démocrate doit renouer avec les classes moyennes et populaires. C’est l’enjeu principal. Pour cela, elle doit se reconstruire sur d’autres bases, renouveler son corpus idéologique, entamer des débats en profondeur sur des sujets d’actualité, des sujets qui ne se posaient pas (ou pas avec la même acuité) il y a encore dix ou quinze ans :

  • Le dérèglement climatique et ses conséquences
  • L’intelligence artificielle et ses conséquences sur nos modes de vie
  • Le libéralisme et le rôle de l’Etat
  • Les bouleversements sociétaux (divorces, PMA, règles de bioéthique, fin de vie, égalité hommes/femmes..)
  • Les fractures sociales et territoriales
  • L’aspiration des citoyens à une démocratie plus participative
  • L’irruption du numérique et ses conséquences sociales et économiques
  • Intégration à l’Europe et identité nationale,
  • Les migrations, jusqu’où peut-on accueillir ?
  • La République face à l’Islam

Tous ces sujets doivent être débattus durant des semaines, des mois, des années s’il le faut, de manière à rassembler, à attirer les jeunes, à créer dans deux, cinq ou dix ans une offre politique crédible à la politique actuelle. Force est de constater qu’on n’en a pas pris le chemin.

Encore quelques mots.

La première démarche à entreprendre serait peut-être de s’entendre sur le sens des mots. Le mot libéral par exemple. On dit tout et n’importe quoi à son sujet. La gauche se dit aujourd’hui anti libérale. Mais la PMA que le gouvernement s’apprête à faire voter est une mesure libérale. Le PS est-il contre ? Comme par le passé, la loi sur l’IVG ou la loi sur le Mariage pour tous et plus loin encore, les lois sur la liberté de la presse, la liberté d’expression, la liberté de se syndiquer ou plus récemment les lois qui instaurent une meilleure égalité entre hommes et femmes, etc. On me répondra que ce que la gauche rejette, c’est le libéralisme, le libéralisme économique. Mais quel est le contraire du libéralisme ? N’est-ce pas le dirigisme qui mène à une société administrée ? Est-ce cela que l’on souhaite pour notre pays ? Veut-on aller vers une société autoritaire et administrée comme l’est la Corée du Nord ou encore la Chine ?

De fait, sur les 194 Etats de la planète, aucun n’est vraiment libéral, aucun n’est vraiment dirigé. Les Etats vivent dans un entre-deux. Ils sont à la fois libéraux et interventionnistes. L’économie de la France est une économie plutôt libérale. Mais dans le cadre d’un Etat fortement interventionniste et certains diront trop protecteur. Si notre économie est libérale, elle est suivie et contrôlée de près par l’Etat, par Bercy, y compris à l’échelle des régions, des départements, des communes.

La véritable question qu’il faut se poser est celle-ci : où mettons-nous le curseur entre le trop d’Etat et le laisser-faire libéral ? Le trop d’Etat conduit au totalitarisme, le laisser-faire au capitalisme et à la toute-puissance des multinationales, c’est-à-dire à une autre forme de totalitarisme. Et ce capitalisme-là, il ne s’enracine pas dans la France de Macron mais bien plutôt dans les Etats-Unis de Trump et de plus en plus dans celui de la Chine de Xi Jinping

Autre élément de réflexion : la stratégie. Si la politique s’appuie sur une idéologie, elle avance en suivant une stratégie. Compte tenu de la faiblesse de la gauche démocratique il eût été préférable pour celle-ci, dans son intérêt donc, et dès l’élection de Macron, d’établir une sorte de coalition (ou alliance) avec le parti de la République en marche. Une coalition comparable à celle qui existe entre les socio-démocrates allemands et la CDU d’Angela Merkel. Une alliance avec LREM pour faire progresser les idées de gauche au sein de la majorité actuelle.  C’eût été, me semble-t-il, en l’absence d’une vraie politique alternative, la solution la plus réaliste. Est-il trop tard ? La question est posée.

Demeurer dans l’opposition est une erreur en l’absence d’une vraie politique de rechange, c’est laisser la République en Marche dériver inévitablement vers la droite. Est-ce cela que le PS attend et peut-être espère sans trop oser le dire ?  Croit-elle qu’en la laissant dériver vers la droite, elle parviendra à se refaire une santé ? Ce serait une erreur majeure de le croire.

Attendre que E. Macron et la République en Marche se cassent la figure pour exister à nouveau, c’est non seulement discutable sur le plan moral (c’est faire passer les intérêts du parti avant ceux du pays) mais c’est surtout faire preuve d’une grande naïveté. C’est tout simplement laisser le champ libre à une alliance probable, que certains envisagent dès à présent entre l’extrême droite de Marine Le Pen et la droite classique. N’est-ce pas la stratégie avouée de  Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen ?

Et puis, en fin de compte, s’allier à Macron, est-ce faire alliance avec le diable ? Les points communs, notamment sur l’Europe ne sont-ils pas infiniment plus importants que les points de divergences ?

On ne le répétera jamais assez, la politique c’est de l’idéologie mais c’est aussi et beaucoup de la stratégie. Quand Mitterrand a fait le Programme Commun avec le PRG et le PC, il n’était ni radical de gauche, ni communiste que je sache !

Nous sommes dans une phase d’accélération de l’histoire et de mutation de notre société. La Gauche social-démocrate, la gauche démocratique est condamnée à faire peau neuve sur le fond (l’idéologie) comme sur la forme (la stratégie). Si elle n’y parvient pas, elle disparaîtra.

 

lendemain d’élection

En ce lendemain d’élections européennes, les commentaires vont bon train. A mon tour, d’y aller de quelques remarques.

1- Bien qu’elle n’ait guère progressé depuis les dernières Européennes, l’Extrême droite (Le RN) demeure la première force politique du pays. Mais le plus significatif, c’est qu’elle renforce son ancrage un peu partout en France, y compris dans les régions de l’Ouest où elle ne jouait jusqu’ici qu’un rôle marginal.

2- Bien qu’ayant perdu son pari de finir en tête, le parti d’Emmanuel Macron fait bonne figure et apparaît, qu’on le veuille ou non, comme le seul véritable rempart face à la montée des populismes. La personnalité du président et son implication dans le « grand débat » y est sans doute pour quelque chose.

3- L’effondrement des partis traditionnels (LR et PS) confirme que le clivage traditionnel droite/gauche n’a plus sa pertinence. Il devrait conduire ces deux partis, pro-européens, à un sérieux examen de conscience et à revoir leur stratégie vis-à-vis du pouvoir en place.

4- La progression sensible des Verts est la seule et réelle surprise de ce scrutin ; elle montre l’intérêt croissant des citoyens, et en particulier des jeunes, pour les questions climatiques et environnementales. Mais en accédant aux responsabilités, si limitées que soient celles-ci, les Verts seront amenés à se soumettre aux dures réalités de la politique (celles du compromis) et à prendre le risque de perdre une partie de leur crédibilité auprès de ceux qui aujourd’hui leur font confiance.

5- Le faible score des listes se réclamant des gilets jaunes montre que ce mouvement a été largement surévalué et qu’il s’est discrédité au fil des semaines et des mois à cause des violences qu’il a générées ou qu’il n’a pas su maîtriser.

6- En dehors du RN, l’autre parti contestataire, La France Insoumise apparaît comme le grand perdant de cette élection. Son côté trop clivant, le manque de clarté de ses positions vis-à-vis de l’Europe, de l’Euro, des migrants, etc., la personnalité discutée et discutable de son leader, expliquent en grande partie cette brutale désaffection.

7- A l’échelle de l’Europe, la montée des populismes, si divers et fracturés qu’ils soient, constituent une menace pour l’existence même de cette construction européenne née d’un long et terrifiant conflit mondial de trente ans (1914-1944). Il y a là comme un formidable défi à relever pour les partis qui se disent européens, qu’ils soient de droite, de gauche ou du centre. Espérons qu’ils sauront faire taire leurs divergences pour se concentrer sur l’essentiel : faire avancer coûte que coûte cette belle et originale idée d’Union de nations si longtemps en conflits et à présent réconciliées, non seulement sur les plans économique et social mais plus encore sur les plans culturel et spirituel. Faire avancer l’idée d’Europe jusque dans le cœur des gens ! Voilà la tâche primordiale de ceux que nous venons d’élire !

Contournement de Beynac : un peu de bon sens s’il vous plaît

Contournement de Beynac : un peu de bon sens s’il vous plaît

Nous étions environ 3000 à manifester ce samedi 16 février à Saint-Vincent de Cosse, petit village des bords de Dordogne. Manifestation non de gilets jaunes mais de Périgourdins de tous bords : conseillers, maires, élus et non élus, simples citoyens, ruraux essentiellement, venus crier haut et fort leur volonté de voir s’achever le plus rapidement possible ces travaux de contournement de Beynac.

Un projet de déviation qui, dès son origine (il y a plusieurs décennies de cela) n’a cessé de soulever des débats et des controverses de toutes sortes. Les arguments des opposants, on les connaît, ils ont été épluchés, étudiés à la loupe et bien souvent pris en considération par les autorités départementales, de même que les avis des diverses associations de protection de la nature. A chaque étape de l’avancement du dossier, les services de l’Etat ont été sollicités pour apporter leur nécessaire approbation.

C’est donc en parfaite connaissance de cause et dans la plus parfaite légalité que la préfète de la Dordogne a autorisé en janvier 2018 le lancement des travaux. Débuté en février 2018, le chantier en est aujourd’hui à mi-parcours. En bonne voie d’achèvement donc. Et voilà que brusquement, en décembre 2018, une décision du Conseil d’Etat vient tout remettre en cause. Les travaux doivent être suspendus a-t-il ordonné.

Que penser d’une telle décision sinon qu’elle est tout simplement aberrante. Aberrante pour la très grande majorité des Périgourdins, y compris pour ceux qui au départ n’étaient pas spécialement favorables à ce projet de déviation. A bien y réfléchir, elle ne peut s’expliquer que par l’intervention de gens haut placés, mal éclairés sur les tenants et aboutissants du projet, ignorants surtout des conséquences catastrophiques qu’entraîne un tel arrêt : à court terme sur le plan économique (un gâchis financier sans nom !) mais aussi à moyen et long terme en matière de sécurité routière et de protection de l’environnement.

Le simple bon sens l’exige : ce chantier doit reprendre le plus rapidement possible.

Ayons le courage de le dire : nous sommes des privilégiés!

Mesdames et messieurs les gilets jaunes, je vous aime mais après trois semaines d’agitations et de manifestations diverses j’ai envie de vous dire : s’il vous plaît, redescendez sur terre, faites taire un moment votre colère et vos émotions (si justes soient-elles) et regardez bien notre pays. Regardez-le bien en face, non pas en lui-même mais dans le concert des nations, à l’échelle de la planète et des enjeux à venir. Il n’est pas seulement un des plus beaux et des plus visités au monde, il est aussi un des plus justes en matière de redistribution des richesses et de protection sociale. C’est une évidence par rapport à l’immensité des pays en voie de développement mais aussi par rapport à nos voisins immédiats : Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni, sans parler des Etats-Unis d’Amérique où l’écart entre riches et pauvres n’a cessé de se creuser pour atteindre de nos jours des proportions gigantesques qui n’ont rien à voir avec ce que nous vivons nous en France.

Qu’il y ait eu des maladresses du gouvernement, c’est peu dire. Il  y a eu de grossières erreurs dans la manière d’ordonner ces réformes dans le temps et l’espace.  Par exemple, d’avoir commencé le quinquennat en supprimant l’ISF (tout au moins en partie) et en augmentant presque simultanément la CSG des retraités.  Elles révèlent un manque d’égards vis-vis de cette classe moyenne, celle-là même qui  a dû supporter le plus gros de la crise de 2008.

Oui, c’est vrai, il y a aujourd’hui en France, un nombre croissant de familles qui a du mal à joindre les deux bouts. Toutes les statistiques sont là pour le prouver. Peut-être 10% de nos concitoyens. Il est urgent que l’Etat fasse encore plus qu’il ne l’a déjà fait pour leur venir en aide. Non pas demain mais immédiatement. Mais notons tout de même en passant que si la cause directe de cette flambée de violences est due à l’augmentation du prix des carburants, l’origine du divorce entre le pouvoir et nos concitoyens (employés, salariés aux revenus modestes) remonte à bien plus haut dans le temps et résulte d’une accumulation d’oublis, de maladresses, d’incompréhensions dont les gouvernements précédents, qu’ils soient de gauche ou de droite, ne peuvent aujourd’hui s’exonérer. Ils sont pour le moins coresponsables de la situation actuelle.

Mesdames et messieurs les gilets jaunes j’ose l’affirmer ici, des nombreux pays où j’ai eu l’occasion de séjourner non pas quelques jours comme le font la plupart des touristes, mais le plus souvent des mois et parfois des années, le nôtre est sans aucun doute un des plus privilégiés. Je voudrais tellement que vous en preniez conscience. Faut-il le dire et le redire;  nous avons le meilleur système de protection sociale et le meilleur système de santé. C’est aussi en France que les inégalités sont les plus faibles (même si elles sont encore trop fortes !), où l’accès aux études supérieures est moins cher que partout ailleurs (un avantage inouï quand on y pense !), où les services publics (chemins de fer, poste…) bien que de plus en plus défaillants hélas, sont encore les plus corrects, etc.

Et puis surtout, nous appartenons au tout petit nombre de pays dotés d’institutions démocratiques où les citoyens sont libres de s’exprimer comme ils l’entendent, où la presse est pluraliste, où les débats contradictoires peuvent s’instaurer à l’initiative de quelques-uns (on le voit ces jours-ci !). Dans le monde dur que nous vivons, c’est un incroyable privilège.

Alors, chers gilets jaunes, s’il est bon et même parfois salutaire de descendre dans la rue pour défendre les acquis sociaux ou combattre les injustices de toutes sortes et de rappeler ainsi à nos élus leurs devoirs envers nous, leurs mandants, sachons aussi raison garder et nous méfier des va-t-en guerre de tout acabit qui ne pensent qu’à tirer les marrons du feu, à se servir  de vous plutôt qu’à servir votre cause et le pays par la même occasion.

Les gilets jaunes et l’effet de seuil

On aura tout dit sur les gilets jaunes, mouvement inédit, spontané, populaire ou populiste selon les points de vue. Mais on peut se poser la question : était-il si imprévisible que cela ? Dans les années soixante, un économiste de renom faisait la pluie et le beau temps dans notre belle France, il s’appelait François Perroux. Il est l’apôtre des pôles de développement et un des principaux artisans de la métropolisation de notre territoire.

Que s’est-il passé en un demi-siècle ? A un millénaire de lente structuration de notre espace territorial basé sur un fin maillage de paroisses/communes, pays, régions, auquel Paris ville-monde avant l’heure venait donner une certaine cohérence et un dynamisme certain, s’est substituée une autre matrice, celle d’une quinzaine de métropoles et d’une bonne centaine de villes grandes et moyennes concentrant emplois, équipements, services, loisirs, culture. En une cinquantaine d’années à peine, sans que nos concitoyens s’en rendent toujours bien compte, on a assisté à un re-tricotage du territoire métropolitain reposant sur une centralisation des activités autour de la mise en réseaux de pôles urbains hiérarchisés et encore largement dépendants (malgré la loi de décentralisation amorcée au début des années quatre-vingt) du centre de décisions parisien.

Ce qui autrefois était aberrant, vivre à plus de trente kilomètres (ou à plus d’une heure) de son lieu de travail est devenu aujourd’hui presque une norme. C’est cette distanciation lieu de travail/domicile, source de multiples gaspillages en termes de perte de temps, de surcoût de dépenses et de tracas multiples, qui est mise en évidence à l’occasion de cette augmentation des prix du carburant ; une mesure sans doute nécessaire et même vitale au regard de l’exigence écologique et climatique mais difficilement supportable par ceux qui du fait de ces allers et retours journaliers en sont les premiers concernés et les principales victimes.

Le prix du carburant aura fonctionné comme un effet de seuil, la goutte d’eau qui fait déborder le vase. A la faveur de ce déferlement de colère, il aura permis de découvrir les difficultés, le mal être, voire la détresse dans lesquels vive un grand nombre de nos concitoyens. Il est symptomatique d’un déficit de démocratie (comment en est-on arrivé là ?) et devra servir de leçon aux élus de tous bords pour que les décisions qu’ils prennent et les lois qu’ils votent, si impératives et incontournables qu’elles soient, puissent être acceptées par leurs mandants. Elles le seront d’autant plus aisément que ces derniers auront été associés d’une manière ou d’une autre aux solutions qui les concernent.

A la recherche d’un souffle nouveau

Situation politique inédite en France en cet automne 2018. La Gauche est en ruine, elle s’effrite, se marginalise et risque à plus ou moins brève échéance de se réduire à de petits groupes d’opposants bruyants et chahuteurs mais finalement peu dangereux pour le gouvernement en place. Et la Droite ? Elle n’est pas en meilleure posture si l’on en juge par les dissensions et les luttes internes. Désespérément elle se cherche un leader charismatique pour tenir tête à celui qui, pour le moment, qu’on le veuille on non, s’impose comme le seul véritable rempart face à la vague populiste et nationaliste ; celle-là même qui partout en Europe et dans le monde, ne cesse de gagner du terrain au point, dans plusieurs Etats et non des moindres, d’accéder au pouvoir.

Comment expliquer une telle situation ? Pourquoi les partis traditionnels ont-ils été incapables durant les quarante dernières années de répondre aux aspirations du peuple ? A quoi attribuer ce divorce grandissant entre la classe politique et les citoyens ?

Une des raisons réside à notre avis dans le jeu démocratique lui-même, tel qu’il est pratiqué dans notre pays. Il consiste pour un parti politique de s’opposer pour le besoin de s’opposer, autrement dit de proposer un programme de gouvernement suffisamment audacieux et attrayant pour espérer rallier le maximum d’électeurs à sa cause. L’utopie conquérante qui s’empare des candidats au pouvoir l’emporte sur toute autre considération et les amène à sous-estimer les contraintes de tous ordres, géostratégiques et géoéconomiques, à petite et grande échelle qui, une fois le pouvoir conquis, s’imposeront à eux et les amèneront nécessairement à des compromis ou pire à des compromissions de nature à décevoir bien de leurs mandants. Multiplier les promesses quand on est dans l’opposition est une chose, les réaliser une fois qu’on est aux commandes, en est une autre.

Car la vérité oblige à dire ceci : dans notre monde de plus en plus interdépendant, que dominent quelques mastodontes économiques et financiers de plus en plus incontrôlables, les marges de manœuvres d’un Etat comme le nôtre sont étroites. Non pas nulles mais étroites et elles le seront encore plus demain.

Ce n’est pas un aveu d’impuissance de le reconnaître mais un appel à la responsabilité des élus pour qu’ils ne s’illusionnent pas et ne nous illusionnent pas sur leur capacité à faire bouger les lignes. Est-il besoin de le répéter, servir le peuple, se mettre à son service, c’est chercher à l’informer le mieux possible afin que chacun puisse se faire une opinion et vote, le moment venu, en toute connaissance de cause. L’efficacité d’une politique ne se fait pas à l’esbroufe et à coups de joutes verbales destinées à marquer les esprits plus qu’autre chose, elle se mesure à l’action patiente, réfléchie, courageuse ; à celle  qui, prenant appui sur les pesanteurs des lieux, des hommes et des cultures, impulse des projets innovants, catalyse les énergies, transcende les clivages, tisse de nouveaux liens et finalement tire l’ensemble de la communauté nationale vers le haut. Elle s’inscrit dans le temps long de l’Histoire et ne se juge pas, faut-il le préciser, à l’aune d’un quinquennat.

Mais il n’y a pas que cela, la montée des extrêmes est à mettre aussi en rapport avec notre perception des choses et la peur sourde, irrationnelle, inconsciente que l’on sent monter autour de soi et peut-être aussi en soi. La peur d’un autre monde en train de naître sous nos yeux, un monde incertain, en rupture avec nos valeurs traditionnelles où les solidarités s’effaceraient devant la débrouille individuelle, où les inégalités grandissantes menaceraient notre modèle social auquel nous sommes si attachés, où le dérèglement climatique et les catastrophes qui s’ensuivraient deviendraient inéluctables, etc.

Une peur compréhensible parce qu’elle est en partie fondée mais aussi exploitée, surjouée, mise en scène par des médias avides de sensations et des politiciens empressés d’en tirer parti. Une peur qui se nourrit de mots : pollutions, violences, islam, catastrophes, migrations…, destinés moins à nous informer qu’à nous surprendre et nous faire craindre le pire. Une peur administrée à petites doses dans notre subconscient, jour après jour, à longueur d’interviews et de téléfilms, à l’origine de cette sinistrose si spécifique de notre état psychique à nous autres Français.

Sortir de cette spirale mortifère et redonner l’espoir d’un monde plus solidaire, moins inégalitaire, plus fraternel, d’un monde plus humain où chacun trouverait sa juste place au sein de la nation, c’est le défi majeur auquel nous- sommes tous confrontés. D’où viendra ce souffle nouveau ? D’une démocratie représentative rénovée où l’hémicycle deviendrait un lieu de vrais débats et non d’affrontements stériles comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui ? Sans aucun doute. De formes nouvelles de démocratie participative où le citoyen spectateur serait davantage impliqué dans les décisions à prendre tant aux niveaux national, régional que local ? Oui sûrement. Et dans ce domaine, les idées et les expériences ne manquent pas. Encore faut-il qu’elles s’installent dans le paysage français. Et là, il y a encore du pain sur la planche !

Migrants et migrations, à la recherche du juste compromis

Qu’un bateau chargé de pauvres hères parte des côtes africaines en quête d’une terre d’asile et voilà les Etats, les peuples, les médias qui s’emballent. Faut-il les accueillir au nom des droits de l’homme ? Les rejeter purement et simplement parce qu’ils seraient des intrus ? L’opinion se divise : la Droite contre la Gauche ; les bons contre les méchants, les généreux contre les sans-cœur, etc.

Mais tout ne peut se résumer à cette dichotomie : accueillir/ne pas accueillir, accepter/refuser. Deux légitimités s’affrontent qu’on ne pourra surmonter à coups d’invectives aussi stériles qu’inefficaces.

Les associations humanitaires sont dans leur rôle quand elles disent que toute famille en détresse doit être secourue. Secourue au nom de la simple humanité. Parce que l’autre est mon frère et qu’il fait partie de la même famille humaine que moi. Une règle absolue qui ne souffre aucune exception.

Mais il y a problème quand ce n’est pas une famille qui demande asile, mais des milliers, voire des centaines de milliers comme on nous l’annonce pour les années à venir.

Il est alors juste et légitime de se demander si cela est possible, si cela est bien raisonnable au regard de nos propres difficultés à organiser notre vivre-ensemble. Si chaque peuple, chaque nation, chaque communauté politique et culturelle est appelée à évoluer et à se transformer, c’est au rythme qu’elle entend se donner, pas à celui qu’elle craint de se voir imposer de l’extérieur, par ce qu’elle considère, à tort ou à raison, comme une invasion.

Secourir oui, mille fois oui, mais s’installer dans le secourable, accueillir sans retenue sans se préoccuper des effets de tous ordres de ce flux migratoire, c’est évidemment discutable.

Il revient donc à la politique, dont l’art est de louvoyer entre les écueils, et aux chefs d’Etat de cette Europe malmenée, de déployer toute leur patience et leur lucidité pour arriver au juste compromis, celui qui saura combiner l’accueil de ces milliers de migrants en détresse et la mise en œuvre d’un véritable plan Marshall de développement de ces pays meurtris d’Afrique et du Moyen Orient ; autrement dit, une panoplie d’aides immédiates, concrètes et efficaces qui, en s’attaquant à la racine du mal, finirait par dissuader ces milliers de jeunes à tenter l’aventure vers les rivages européens, cet eldorado quelque peu mythique il faut bien le dire.