Une crise sanitaire révélatrice de notre fragilité mais aussi de notre génie

            Décidément, dans cette histoire de coronavirus, rien ne se passe comme prévu. Après les épisodes d’un premier puis d’un second confinement, assez bien acceptés dans l’ensemble, on croyait en ce début de l’année 2021 que le plus dur était passé. Plus récemment, la mise en place d’un couvre-feu dans les régions les plus touchées puis son extension à l’ensemble du territoire métropolitain pouvaient passer comme un compromis astucieux entre les deux exigences sanitaire et économique qui allait, dans l’attente d’une vaccination de masse, enrayer définitivement la pandémie.
            Hélas, il n’en est rien. En cette fin du mois de janvier, non seulement la perspective d’un troisième confinement est en passe de devenir réalité mais la stratégie de vaccination rencontre un peu partout des problèmes de logistique et d’approvisionnements inattendus de nature à prolonger la crise sanitaire de plusieurs semaines voire de plusieurs mois. Sans parler de l’irruption de ces variants anglais, sud-africain et brésilien du virus qui jettent des doutes sur l’efficacité même du vaccin.
            A quand le retour au bon vieux temps ? A ce monde d’avant où l’on se côtoyait et s’embrassait à tout bout de champ, où l’on pouvait aller et venir sans masque, sans test, sans crainte du couvre-feu, sans attestation d’aucune sorte… Qu’est-il devenu ce « vert paradis » ? Est-il remis aux calendes grecques ?
            C’est d’autant plus angoissant qu’à cette incertitude s’ajoute quelque chose de plus profond, quelque chose qui touche à la prise de conscience de notre fragilité en tant qu’être humain, de notre vulnérabilité devant la maladie et devant la mort. Oui, cette mort dont nous avions pris l’habitude de ne pas parler, que nous avions rejetée dans les oubliettes de notre cerveau et qui nous revient en pleine face comme pour nous narguer et nous rappeler, si besoin en était, que notre vie ne tient à pas grand-chose, à un minuscule virus de rien du tout. Oui, dans cette histoire de coronavirus, l’homme (et la femme) et plus encore l’homme (et la femme) occidental, parce qu’il est le plus enclin à se croire maître et dominateur de la nature, en a pris un sacré coup. Il a singulièrement perdu de sa superbe.
            Mais en rester là serait nourrir inutilement le cycle des angoisses et des effets délétères sur nos comportements et nos états d’âme. Cette pandémie, plus qu’aucune autre, a été aussi le révélateur de notre capacité à réagir individuellement et collectivement face à un virus dont personne ne pouvait soupçonner la virulence. La mise en place de mesures prophylactiques destinées dans un premier temps à s’en protéger, les progrès accomplis au fil des mois par nos services hospitaliers dans la prise en charge des malades, l’intervention souvent massive des Etats pour venir en aide aux entreprises en difficulté et à leur personnel, et enfin la découverte en un temps record de vaccins susceptibles d’enrayer définitivement l’épidémie, tout cela est à mettre à l’actif du génie humain, de l’inventivité de ses chercheurs, de l’ingéniosité de ses logisticiens, du dévouement inlassable de ses soignants, sans parler de la remarquable acceptabilité des peuples face aux mesures de coercition qu’on leur imposait et dont ils ne comprenaient pas toujours le sens.
            A défaut des souffrances qu’elle nous aura causées au moins peut-on espérer que cette crise sanitaire nous aura appris quelque chose sur les autres et sur nous-même.

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