Etrange printemps

            L’étrange printemps que nous aurons vécu. Il sera à marquer d’une croix blanche ! Qui aurait imaginé une telle situation il y a un an, il y a seulement six mois ? Personne. Absolument personne. Pas même nos astrologues distingués !
            A l’origine, une pandémie dont on se rendra compte plus tard (dans un ou deux ans peut-être) qu’elle n’aura été ni plus ni moins qu’une grippe sans doute un peu plus virulente que les autres mais une grippe qui, par son caractère aussi inattendu qu’insaisissable, va mettre les sommités de nos grands organismes sanitaires en émoi.
            C’est à partir de là, de cette méconnaissance que le monde médical avait de ce virus et de ses effets imprévisibles sur le corps humain que tout s’est déclenché. Que la panique a gagné nos gouvernants qui, prenant subitement conscience de l’état de sous-équipement dans lequel se trouvait leur système hospitalier pour l’affronter, ont tergiversé sur la marche à suivre et perdu les pédales quant au discours à tenir devant leurs ressortissants (la vérité étant difficile à dire surtout quand certains sont aux aguets pour en tirer un profit politique !)
            Des hésitations et déclarations contradictoires qui, à leur tour, ont alimenté un climat de peur que la décision de confinement prise au plus haut sommet de l’Etat (d’un Etat déclaré chez nous en état de guerre), va définitivement installer et amplifier. Il n’est donc pas étonnant que le confinement ait été dans l’ensemble bien accepté par les Français, ces soi-disant râleurs professionnels et rebelles à l’ordre public. Toutes les conditions étaient réunies pour qu’ils l’acceptassent.
            Un confinement strictement appliqué et généralement bien suivi mais dont il va falloir à présent assumer toutes les conséquences car ayant conduit à un arrêt presque total des activités du pays durant quasiment un trimestre, on peut s’attendre à des répercussions économiques et sociales des plus désastreuses dans les mois qui viennent en termes de faillites d’entreprises, de hausse du chômage, de baisse du pouvoir d’achat et, par un effet boule neige, de chute drastique des recettes fiscales. Bref, un appauvrissement général du pays, accompagné d’un colossal surplus d’endettement, d’ailleurs mal mesuré par les économistes (l’économie n’étant pas une science exacte), dont le pays mettra sans doute plusieurs années à s’en remettre.
            D’où la question qu’il faudra bien à un moment donné se poser, calmement, si possible sans passion et en dehors de tout parti pris politique ou autre : fallait-il imposer un tel confinement pour en arriver là, à cette situation d’affaissement et de désorganisation de tout un pays ? N’y avait-il pas d’autres solutions alternatives ? Le débat est d’ores et déjà lancé il n’est pas près de s’arrêter !
            Mais le curieux et troublant printemps 2020 ne s’arrête pas là. Peut-être même que ce qui se passe en ce moment dans nos villes n’est que la suite logique de ce confinement. Je veux parler de l’extraordinaire embrasement d’une partie de la jeunesse mondiale à propos d’un fait divers survenu loin de nos frontières : la grave et inexcusable bavure policière survenue aux Etats-Unis d’Amérique. En temps ordinaire, l’affaire n’eût sans doute pas dépassé le cadre de l’Etat du Minnesota où il a eu lieu mais là, dans le contexte politique particulier de cette Amérique trumpiste, elle a révélé l’ampleur de la ségrégation raciale dont continuent d’être victimes les Afro-américains de ce pays d’outre-Atlantique.
            Et un fait divers en appelant un autre, c’est en France cette fois-ci que la mort d’un homme de couleur, dans des conditions mal élucidées et il y a plus de quatre ans de cela, refait surface. Il est vrai que l’occasion était trop bonne pour certains partis et organisations bien identifiées sur l’échiquier politique, pour faire de cet homme, en dépit de son passé pas très reluisant, le symbole de toutes les violences à caractère raciste que les forces de l’ordre se rendraient coupables et plus largement encore celui des injustices et des discriminations en tout genre dont ces jeunes des quartiers périphériques sont effectivement les victimes.
            Le printemps 2020 s’achève. Que nous réserve cet été et plus encore cet automne ?

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