Pour un souffle nouveau

On aura tout vu, tout entendu durant ces deux mois de confinement : des experts en ceci en cela venir sur les plateaux de télé et prédire le meilleur et le pire, des spécialistes du « il faut que », « il faut qu’on », des procureurs-politiciens ou des politiciens-procureurs qui affûtent leurs arguments et s’apprêtent à livrer leur bataille de l’après-crise coronavirus.

Nicolas Hulot n’est pas de ce genre. C’est un homme posé, réfléchi, positif. Il n’est pas dans l’invective. Il vient de nous présenter sur les ondes son plan d’action pour sortir du bourbier actuel et proposer aux Français de profiter de ce moment tout à fait inédit dans notre histoire pour réorienter notre système économico-financier défaillant vers un autre plus écologique, plus sobre, moins gaspilleur d’énergie, un système plus humain puisque l’un de ses objectifs serait de répartir plus justement les richesses produites aux différentes échelles internationale, européenne, nationale.

Vaste programme aurait dit en son temps le général de Gaulle !  Nonobstant cet aspect conceptuel et quelque peu idéaliste, on ne peut que louer un tel effort intellectuel et se dire après tout pourquoi pas ? La crise pandémique n’a-t-elle pas montré les limites de la mondialisation, du libre-échange et de la concurrence non faussée ? N’a-t-elle pas donné plus de crédit aux frontières, celles de l’Europe mais aussi, il faut bien le dire, celles de nos propres frontières nationales ? Le temps n’est-il pas venu de revoir le plan d’aménagement de notre territoire, de rééquiper notre pays en ses industries de base (notamment sanitaires), celles qui nous sont immédiatement indispensables en cas d’urgence ? De revaloriser l’artisanat, le commerce de proximité, de tirer un meilleur parti de la diversité de nos territoires agricoles, forestiers, maritimes ? D’appliquer le principe de subsidiarité à tous les échelons de la société ?

Après tout, la crise a eu au moins le mérite d’activer les prises de conscience et d’ouvrir des fenêtres sur des avancées sociales et écologiques qui seraient passées comme parfaitement utopiques voire fantaisistes il n’y a pas si longtemps.

Demeure la question principale : celle du comment y parvenir ? De comment mettre en œuvre un programme qui vise ni plus ni moins qu’à changer de cadre social et civilisationnel ? Avec quels hommes ? Quels partis ? Quelles institutions ? Quelle Europe ? Avec quelle gouvernance ? C’est là que le bât blesse.

On a bien fait remarquer à Nicolas Hulot que s’il avait de bonnes idées, il avait plus de difficultés à les mettre en œuvre et qu’en quittant précipitamment le bateau gouvernemental, il n’avait pas donné une bonne image de ce que doit être le courage politique, celui de la persévérance dans l’effort, y compris dans les moments difficiles quand on se sent mal ou insuffisamment compris.

S’il semble difficile à l’heure qu’il est d’entrevoir quelques pistes de sortie de crise, l’une au moins est à rejeter catégoriquement, celle qui consisterait à retomber dans nos petits combats de politique politicienne, d’opposition systématique au gouvernement en place, de batailles à coups de milliers d’amendements qui ne mènent à rien sinon qu’à susciter la méfiance des Français envers leur classe politique.

Une des pistes qui me semble les plus prometteuses d’avenir serait pour le président Macron de proposer, dans une sorte d’union nationale, de rassembler et pour une durée limitée (disons jusqu’à la prochaine présidentielle) toutes les forces vives du pays, de la gauche à la droite (partis, associations, agents économiques, associatifs, culturels, simples citoyens…), afin de jeter les bases d’un vaste et audacieux plan de redressement impliquant quelques mots ou phrases-clefs : subsidiarité, aménagement, proximité, solidarité, relocalisation, participation… Un plan pour redonner confiance aux Français. Confiance entre gouvernants et gouvernés, entre élus et non élus, entre citoyens d’une même nation. Confiance pour sortir de l’ornière et donner un nouvel élan, un souffle nouveau au pays.

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