Qu’un bateau chargé de pauvres hères parte des côtes africaines en quête d’une terre d’asile et voilà les Etats, les peuples, les médias qui s’emballent. Faut-il les accueillir au nom des droits de l’homme ? Les rejeter purement et simplement parce qu’ils seraient des intrus ? L’opinion se divise : la Droite contre la Gauche ; les bons contre les méchants, les généreux contre les sans-cœur, etc.
Mais tout ne peut se résumer à cette dichotomie : accueillir/ne pas accueillir, accepter/refuser. Deux légitimités s’affrontent qu’on ne pourra surmonter à coups d’invectives aussi stériles qu’inefficaces.
Les associations humanitaires sont dans leur rôle quand elles disent que toute famille en détresse doit être secourue. Secourue au nom de la simple humanité. Parce que l’autre est mon frère et qu’il fait partie de la même famille humaine que moi. Une règle absolue qui ne souffre aucune exception.
Mais il y a problème quand ce n’est pas une famille qui demande asile, mais des milliers, voire des centaines de milliers comme on nous l’annonce pour les années à venir.
Il est alors juste et légitime de se demander si cela est possible, si cela est bien raisonnable au regard de nos propres difficultés à organiser notre vivre-ensemble. Si chaque peuple, chaque nation, chaque communauté politique et culturelle est appelée à évoluer et à se transformer, c’est au rythme qu’elle entend se donner, pas à celui qu’elle craint de se voir imposer de l’extérieur, par ce qu’elle considère, à tort ou à raison, comme une invasion.
Secourir oui, mille fois oui, mais s’installer dans le secourable, accueillir sans retenue sans se préoccuper des effets de tous ordres de ce flux migratoire, c’est évidemment discutable.
Il revient donc à la politique, dont l’art est de louvoyer entre les écueils, et aux chefs d’Etat de cette Europe malmenée, de déployer toute leur patience et leur lucidité pour arriver au juste compromis, celui qui saura combiner l’accueil de ces milliers de migrants en détresse et la mise en œuvre d’un véritable plan Marshall de développement de ces pays meurtris d’Afrique et du Moyen Orient ; autrement dit, une panoplie d’aides immédiates, concrètes et efficaces qui, en s’attaquant à la racine du mal, finirait par dissuader ces milliers de jeunes à tenter l’aventure vers les rivages européens, cet eldorado quelque peu mythique il faut bien le dire.